- Capacité de la salle : 2745
L'histoire de l'Opéra de Paris, depuis sa création ordonnée par Louis XIV, en passant par la construction du Palais Garnier sous Napoléon III, est rythmée par les volontés du pouvoir politique français.
La décision de créer un nouvel Opéra sur la place de la Bastille n'a pas échappé pas à cette règle, puisqu'elle fut prise par François Mitterrand, un peu moins d'un an après son accession à la Présidence de la République. Un concours international est alors organisé, et parmi les 750 projets présentés, c'est finalement celui de l'architecte uru-guayo-canadien Carlos Ott qui sera retenu.
Le nouveau bâtiment, qui marque de sa large emprise au sol la place où a débuté la Révolution française, sera inauguré pour la célébration du Bicentenaire de cette même Révolution, en 1989.
De la place de la Bastille, la façade de verre, avec son éclairage "aléatoire" imaginé par Yann Kersalé, laisse deviner la sobre modernité des intérieurs, d'autant qu'ils reprennent les mêmes matériaux que les extérieurs, par souci d'ouverture vers le public. Une fois dans les lieux, on découvrira aussi l'heureuse chaleur des bois clairs qui ornent la grande salle frontale de 2703 places. Mais qui a vu cela n'a presqu'encore rien vu : il faut imaginer les espaces scéniques de dégagements qui occupent à eux seuls 55% du volume total de l'édifice, les six sous-sols de locaux techniques, les ateliers où sont fabriqués et stockés les décors mobiles mais aussi les costumes, ou encore cette salle Gounod aux dimensions identiques à la scène principale et où se déroulent les répétitions. Car autour d'un axe de symétrie symbolisé par ces diapasons sculptés qui ornent les parties publiques, l'Opéra Bastille est aussi une formidable machine à fabriquer des spectacles, truffée d'informatique et où s'active la population d'une véritable ville dans la ville.
C'est le chef d'orchestre Myung-Whun Chung qui eut la lourde tâche de faire démarrer cette machine. Le public attentif découvrit alors des mises en scène de Bob Wilson ou de Peter Sellars qui ne firent pas toujours l'unanimité en son sein, mais aujourd'hui, en pleine possession de ses impressionnants moyens qui permettent la rotation des spectacles, la scène parisienne offre une grande diversité de productions. Sous la direction de Hugues Gall et de son conseiller musical James Conlon, les saisons alternent rapidement reprises, grand répertoire et créations, à un rythme qui ne laisse guère de répit aux spectateurs.