Au cours de leurs fréquents voyages à Venise, les marchands de Hambourg ont pu constater le succès obtenu par le premier Opéra public d'Europe, ouvert en 1637. En 1678, quelques uns de ces riches bourgeois fondent donc, sur le Marché aux Oies, un Opéra permanent, une première en Allemagne dont les Hambourgeois sont très fiers.
Le sentiment national qui veut ignorer avec superbe les opéras italiens et français se doublant d'un sens commercial manifeste, l'Opern-Theatrum de Hambourg se consacre immédiatement à la défense de l'art lyrique allemand et touche ainsi un large public, malgré les protestations des pasteurs, et des débats qui agiteront jusqu'à l'Université d'Iéna.
En 1738, la salle fait faillite, ruinée par les faveurs nouvelles de l'opéra italien. Un nouveau bâtiment sera construit en 1765, où alternent pièces de théâtre et spectacles chantés.
Le site actuel de l'Opéra de Hambourg ne sera occupé par un théâtre lyrique qu'en 1827. L'Allemand Weber, l'Italien Rossini et le Français Auber s'y partagent d'abord l'affiche, avant que Wagner et Verdi (joué ici dès 1845, et pour la première fois en Allemagne) n'en deviennent les vedettes incontestées. Il faudra ensuite attendre 1891 et l'engagement de Gustav Mahler pour que la scène hambourgeoise abandonne une certaine routine (et s'équipe au passage de l'électricité). Mahler embauchera le jeune Bruno Walter comme répétiteur, avant qu'un autre de ses protégés, Otto Klemperer ne prenne la direction musicale de l'établissement, en 1910.
Touché par la crise économique après la Première Guerre Mondiale, et partiellement détruit durant la Seconde, l'Opéra rouvre difficilement en 1946, accueillant 600 spectateurs autour de ce qui subsiste de la scène. Mais la troupe, qui a compté Hans Hotter dans ses rangs, et qui engage des Martha Modi, Hermann Prey, Elisabeth Grummer ou Astrid Varnay, acquiert rapidement une reconnaissance internationale.