- Capacité de la salle : 1744
Ce fut une sensation inoubliable que de diriger ici pour la première fois en 1897. Je ne savais pas jusqu'alors que la musique pouvait être aussi belle". Ainsi Bruno Walter parlait-il de la grande salle du Musikverein.
On dit de son acoustique qu'elle est parfaite. Est-ce dû à sa forme rectangulaire si caractéristique, aux balcons et aux fameuses cariatides sur lesquels viennent se briser les projections sonores, aux bois du plancher, au plafond suspendu au-dessus des murs ? Ou faut-il penser que le passé est ici tellement puissant qu'il inspire les hôtes de ce sanctuaire ? Au point que la musique y serait, toujours, belle ?
Le passé de la Société des amis de la musique à Vienne (Gesellschaft der Musikfreunde in Wien) qui possède le bâtiment remonte à 1812. A l'origine, son objet est triple : constituer des archives, donner des concerts, et créer un conservatoire. Beethoven et Brahms en seront membres honoraires, Bruckner sera professeur au conservatoire, et Mahler y sera élève, tout comme Hugo Wolf et Zemlinsky.
L'édifice, lui, a été inauguré en 1870, par un architecte danois ayant étudié en Grèce, Theophil Hansen. Y ont été créées les symphonies n° 2 et 3 de Brahms, n° 1, 2, 3, 4, 8, et 9 de Bruckner etn° 9 de Mahler ; de ce dernier également les KINDERTOTENLIEDER ou DAS KLAGENDE LIED ; de Ravel, LE CONCERTO FOUR LA MAIN GAUCHE ; de Schônberg les GURRELIEDER et PELLEAS UND MELISANDE ; de Webern la PASSACAILLE op. 1 et les SIX PIECES op. 6. On en oublierait presque les innombrables mélodies des Johann, Josef et Eduard Strauss...
Le locataire le plus célèbre du Musikverein ? L'Orchestre Philharmonique de Vienne. Son histoire commence en 1842, à la cour d'Autriche. Wagner en fait les louanges en 1872, et Mahler le dirige avant qu'il ne décide de s'autogérer en 1908. Sous le nom de Wiener Philharmoniker, les musiciens choisissent donc leurs concerts et leurs chefs pour le plaisir : comme orchestre de l'Opéra de Vienne, ils ont un revenu assuré. Furtwangler, Toscanini, Bruno Walter, Richard Strauss, Karl Bôhm, Karajan, Abbado, auront tous passé plusieurs années auprès de lui. Régulièrement désigné comme le meilleur orchestre du monde, il incarne avant tout une tradition, parfois jusqu'à l'obsession : les instruments à cordes doivent tous provenir de la même école de lutherie, et les femmes n'y sont pas admises. Mais la tradition viennoise, c'est aussi et surtout un rythme de danse qui s'esquisse ici et là, le bonheur d'une mélodie jouée si tendrement qu'elle en est presque triste, et des cordes comme du velours, des cuivres encore rustiques, et des bois si chauds...