Point d'Opéra à Genève auXVIIème siècle; trois interdictions et un incendie suspect contre quelques téméraires organisateurs de spectacles lyriques au XVIIIème; l'opéra et ses fastes ont tardé à se faire admettre par Genève la calviniste. Et il faudra donc que Voltaire, propriétaire du château de Ferney en 1759, crée son propre théâtre et organise de délicieux spectacles pour que l'on commence à parler de vie lyrique dans les environs genevois. "La ville de Calvin devient la ville des plaisirs et de la tolérance" pourra-t-il écrire un jour, fier de son succès.
En 1783 est aussi construit le Théâtre de Neuve, qui saura divertir les occupants français et accueillera ensuite des troupes en tournées, comme celle de Zurich jouant TANNHÄUSER en 1852. Jugée trop petite, cette salle sera remplacée par le Grand Théâtre actuel, qui s'inspire de l'Opéra de Paris construit par Garnier, et qui est inauguré en 1879 après bien des modifications du projet initial et un legs bienvenu du duc de Brunswick.
A la fin du XIXème siècle, le Grand Théâtre de Genève assure donc, outre des représentations théâtrales, de jolies saisons de 18 opéras et 16 opérettes, où l'on remarque une création du WERTHER de Massenet déjà donné en allemand à l'Opéra de Vienne mais encore inconnu des Français, ou les débuts de la cantatrice Felia Litvinne.
Pendant la Première Guerre Mondiale, le chef d'orchestre Ernest Ansermet animera la scène genevoise, invitant les Ballets Russes de Diaghilev et Igor Stravinski. Les musiciens les plus renommés prendront ensuite l'habitude de venir s'y produire (on se souvient encore d'un cycle Mozart dirigé par Böhm), et nombre de futurs célébrités y font aussi leurs premières armes, comme un certain Georg Solti en 1942.
Ce premier âge d'or du Grand Théâtre sera brutalement interrompu par un incendie qui fait disparaître la grande salle en 1951. Les spectacles seront alors donnés au Grand Casino jusqu'à la réouverture de 1962.
Loin de porter un coup fatal à la vie lyrique de la cité, cette longue attente se terminera par une spectaculaire résurrection du Grand Théâtre. Des directeurs avisés s'y succèdent et ont chacun apporté une pierre à l'édifice, invitant et faisant revenir les plus grands noms du chant et les metteurs en scène les plus inventifs.