- Capacité de la salle : 1859
A la différence du Staatsoper Unter den Linden, fondé au XVIIIème siècle au centre de la cité et longtemps considéré comme l'Opéra royal, le Deutsche Oper voit son histoire commencer en 1912, dans le quartier de Charlottenburg alors situé hors la ville, et sur l'initiative de riches bourgeois. Mais la crise économique qui suit la Première Guerre Mondiale aura raison de cet Opéra de Charlottenburg, qui est donc racheté par la Ville de Berlin.
Bruno Walter élèvera de beaucoup la qualité musicalede l'institution, rebaptisée Städtische Oper (Opéra de la Ville), avant que ne s'ouvre une brève période pendant laquelle l'intendant Cari Ebert (assisté de Rudolf Bing le futur légendaire directeur du MET de New-York) favorisera la musique la plus moderne, ces opéras de Kurt Weill ou Schreker que Klemperer ne pouvait plus monter au Kroll-oper désormais fermé, et qui déclencheront l'ire des nazis dès 1933.
En 1945, le bâtiment n'est plus que ruines, mais dès le mois d'août, la troupe se réunit au Theater des Westerns pour y donner FIDELIO. Elle y restera jusqu'en 1961. Durant cette période, le chefFerenc Fricsay, nommé directeur musical, permettra au Städtische Oper de retrouver son rang international, faisant alterner le grand répertoire dans des mises en scène de haute qualité (où l'on découvre alors les voix de Dietrich Fischer-Dieskau ou Josef Greindl), des œuvres de Stravinski ou Hindemith interdites par les nazis, et des créations mondiales. Mais en 1955, l'Opéra Unter den Linden, situé à l'Est, rouvre sous le nom de Deutsche Staatsoper. Sous l'effet de cette concurrence politico-artistique, trois décisions ont été prises : le Städtische Oper est rebaptisé Deutsche Oper Berlin, les plans d'un édifice à construire sur le site de Charlottenburg (situé à l'Ouest) sont arrêtés, et Cari Ebert qui a entre-temps fondé le Festival de Glyndebourne est rappelé. Ses mises en scène et sa programmation font de Berlin-Ouest une des capitales de l'opéra contemporain.
Malgré les départs de Fricsay et Ebert, l'ouverture du bâtiment moderne, et la construction du Mur, l'année 1961 ne constitue pas une réelle rupture dans l'histoire agitée de l'Opéra de Charlottenburg. Avec des chefs comme Karl Böhm et Eugen Jochum, ou plus tard Lorin Maazel, des metteurs en scène comme Wieland Wagner, des intendants comme Siefried Palm (violoncelliste spécialiste de musique contemporaine) ou l'actuel Götz Friedrich (un metteur en scène comme Ebert), les façades de verre du Deutsche Oper Berlin ont accueilli, en quelques années, les productions les plus excitantes de l'art lyrique contemporain.