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Saison 2017-2018 de l’Opernhaus Zurich

L’Opéra de Zurich est la perle de l’Europe. Théâtre à taille humaine, il accueille les grands noms de l’art lyrique chaque saison avec toujours autant de panache. Rappelons que Jonas Kaufmann avant de devenir la star que toutes les salles s’arrachent a commencé sa carrière internationale ici, tout comme Matthias Goerne et tant d’autres grands artistes.

Les récitals de chant donnent bien la tonalité de cette saison 2017-2018. La grande chanteuse wagnérienne Waltraud Meier est à Zürich comme les grandes stars lyriques Sonya Yoncheva, Diana Damrau ou Juan Diego Flórez (qui vient chanter des airs d’opéras de Mozart) et Piotr Beczala. Les étoiles montantes sont présentes également comme Pretty Yende ou Mauro Peter. Un événement, Edita Gruberova chante les scènes finales de reines de Donizetti (Maria Stuarda, Anna Bolena, Roberto Devereux).

 

Mais c’est bien évidemment sur les productions d’opéra que l’attention se focalise. Contrairement à d’autres maisons, l’Opernhaus Zürich ne mise pas sur des mises en scène extravagantes mais reste toujours dans un entre-deux où la modernité n’est jamais tape-à-l’œil. Cette saison 2017-2018 réserve son lot de surprises bienvenues comme toujours. Par exemple, la production de L’Incoronazione di Poppea de Monteverdi a été confiée à Calixto Bieito, celle d’Eugene Onegin à Barrie Kosky ou encore celles de La forza del destino de Verdi et de Lunea (la création mondiale du compositeur suisse Heinz Holliger) au directeur artistique de l’Opéra de Zurich, Andreas Homoki.

 

C’est du côté des interprètes qu’il faut également s’émerveiller. Le rôle de Poppea est confié à la parfaite Julie Fuchs aux côtés de Valer Sabadus et Stéphanie d’Oustrac. Deux des plus grands barytons sont à l’affiche des nouvelles productions, Christian Gerhaher dans Lunea dirigé par Holliger lui-même et Peter Mattei, Eugene Onegin de rêve. Dans les nouvelles productions, l’une risque de faire parler d’elle. Aufstieg und Fall der Stadt Mahagonny de Kurt Weill est mis en scène par Sebastian Baumgarten avec un tout nouveau rôle pour Karita Mattila, l’incroyable bête de scène. Une version de concert mérite particulièrement le détour puisque cette Fille du Régiment est incarnée par l’incroyable Sabine Devieilhe.

 

Une savante alchimie transforme les reprises en or lorsque l’on rassemble de grands artistes sur scène. Lawrence Brownlee courtise la volcanique Cecilia Bartoli dans Le Comte Ory de Rossini. Bryn Terfel et Camilla Nylund vivent un amour impossible à bord du Vaisseau fantôme de Wagner (Der fliegende Holländer). Chaque opéra possède des stars maisons. Lorsqu’ils portent les noms illustres de Cecilia Bartoli ou Piotr Beczala, on mesure l’importance de l’opéra. Le ténor se partage entre répertoire léger et si charmant avec Das Land des Lächelns (avec Julia Kleiter) et le drame dans Werther de Massenet.

 

Les sopranos sont éclatantes à l’Opernhaus Zurich. Qu’on en juge plutôt : Anja Harteros incarne Tosca et Ailyn Pérez, La Traviata les deux grandes héroïnes sacrifiées. La subtile Elsa Dreisig chante Tamina face au prince Stanislas de Barbeyrac dans Die Zauberflöte. La royale Diana Damrau se glisse dans la peau de Maria Stuarda selon Donizetti et l’impériale Nina Stemme incarne une Kundry dans Parsifal Wagner qu’on imagine exemplaire. Une saison époustouflante et encore, nous n’avons pas évoqué le ballet et les noms prestigieux de Marius Petipa, Alexei Ratmansky, William Forsythe, Jirí Kylián, Ohad Naharin, Crystal Pite, etc.