img
-

Le Misanthrope avec Lambert Wilson au Théâtre Comedia

Molière avait l’art de la mise en garde.

Eternel insatisfait de la société de ses contemporains, il aimait fustiger les mises en place dues au rang plutôt qu’au mérite. Les marquis sur leur banc, assis aux premières loges, dont les perruques poudrées, parfaitement mises en pli, le faisaient éternuer. Ou les dévots pourfendant les entreprises amoureuses et œuvrant pour leur mise en faillite. Les femmes savantes, malade imaginaire, avare et autres tartuffe, ne lui inspiraient que ridicule et mise en boite. Molière est à présent synonyme de cérémonie. Banquet annuel de saltimbanques s’attribuant des prix d’interprétation, d’écriture ou de mise en scène.

Aussi jouissif qu’un déjeuner dominical mais incontournable mise en lumière des talents dépourvus au commun des mortels. Nul doute que Lambert Wilson aime le théâtre collégial et jubile en menant cette mise en troupe. Le Théâtre-Libre innove en programmant ce classique des classiques, lustrant la statue de l’auteur, mise en demeure hors les murs du Théâtre Français. Cette mise en abîme de la vanité du monde, signée Peter Stein, comblera les conservateurs, à l’image d’un Figaro de Bon Marché, mâtiné de bon samaritain. Les autres constateront amers, que nos pairs n’ont pas beaucoup changés et que l’amour absolu est toujours mis à mal dans ce monde d’hommes et de femmes vils ou en campagne.

Représentations du mardi au samedi à 20h. Samedi et dimanche à 16h.