L’univers d’un musicien : Leif Ove Andsnes
La lumière du Nord qui inonde sa maison de Bergen est sûrement celle qu’il fait jaillir dans ses Chopin et ses Schumann. Ce poète parmi les pianistes nous invite dans sa Norvège natale.
Bergen, Norvège : impossible de ne pas songer à Edvard Munch devant les couleurs qui animent les rares maisons de bois encore présentes dans la ville, ravagée par de nombreux incendies, depuis le Moyen Âge jusqu’au milieu du XXe siècle…
Sur les collines verdoyantes qui dominent le fjord, les habitations se font plus cossues et, passé la porte de Kalfaret, seul accès à la ville au XVIIe siècle, on atteint la maison. La porte s’ouvre sur un grand salon avec vue sur la vallée. Dans l’angle, un magnifique Steinway, non pas laqué noir dans le goût d’aujourd’hui, mais verni couleur bois. Un modèle C,
trois-quarts de queue de 1896, qui a conservé une grande partie de ses éléments d’origine, d’où sa sonorité ample et généreuse. Vers la gauche, l’oeil est attiré par une lumière moins crue, douce et chaude, filtrée par les vitraux de deux larges fenêtres. Contre le mur, une épinette, copie d’un instrument italien du début du XVIIe siècle, sur laquelle Leif Ove Andsnes, au moment où nous prendrons congé, s’amusera à jouer un fragment des Variations sur « Ah ! vous dirai-je, maman » de Mozart : « L’étrange, c’est que sur ce type d’instrument, une fois qu’on a appuyé sur la touche, la note s’en va, alors qu’ici, on peut faire résonner la note en faisant vibrer le clavier ! »
Ailleurs, en ville, il dispose également d’un autre instrument : « Un Talon, grand piano de concert assez rare, le premier
du genre conçu en Italie par Cesare Augusto Tallone. Un fameux expert, connu et apprécié par Edwin Fischer ou Ludwig von Hofmann, ou encore Arturo Benedetti Michelangeli, qu’il accompagna pendant quelques décennies dans ses tournées. Il a dû fabriquer une douzaine de grands pianos de concert, au maximum, et j’ai l’immense chance d’en posséder un. » Le pianiste est souvent en voyage, et lorsqu’il fait halte dans son appartement de Copenhague, un … pour lire la suite CLASSICA N°212 (Mai 2019)
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